ÉTÉ BRÛLANT

Au seuil de la Troisième Porte

1er Août 2015

Quelques gouttes de pluie, pas de quoi mouiller sous les arbres, ont donné le mildiou à nos tomates mais ont aussi rafraîchi l’atmosphère.

Mon ami, l'érable du Japon, se porte bien. Il a supporté le vent fou d'un orage nocturne, un de ces orages d'été, presque sans pluie, électrique et violent, qui l'a fait plier sans le rompre.

 

Aujourd'hui il fait si bon que je suis partie me balader ! Cela faisait au moins trois mois que je n'avais pu le faire.

 

Oubliés les déboires et les cuistreries du "Pallone Gonfiato" local : il a, certes, marqué un but, mais je gagne le match !

Je me sens libre et libérée. Le site "officiel" fermé, je rapatrie tout mon travail pour le mettre ailleurs. Un déménagement en bonne et due forme. Salutaire. Je range, trie, repense, crée. Je prends mon temps. Et ça fait du bien. 

 

Un nouveau site, un nouveau titre, un coup de frais, ravalement de façade et peinture fraîche !

Est-ce ce l'excitation causée par ce projet, ou cette soudaine libération ? Mon mal aux jambes et au dos a (presque) disparu dans la foulée !

Je suis de nouveau en "état de marche" : donc... je marche !

Je retrouve enfin ce paysage qui s'ouvre en grand sur le plateau dès les collines franchies. Les nuages sont légers, laiteux ou gris bleutés, et courent dans le champ du ciel.

Un couple de faucon crécerelle roule et culbute dans un courant d'air avant de tracer à tire d'ailes au-dessus des vignes.

L'herbe des prés est grillée et quelques arbres font mine de se croire déjà en automne. Au bord du chemin les fleurs bleues des chicorées sauvages attirent quelques papillons fanés et abeilles solitaires...  Les cigales sont à peine audibles et les grosses sauterelles ont déjà leur son grave de crécelles rouillées. 


Mais un léger vent d'ouest, chargé d'odeur de terre, de paille et de foin, volette de ci de là, caresse mes joues et mes bras que j'ai laissés nus.

Ma balafre se rappelle à moi, de temps à autres, dès que mon souffle s'amplifie. Je ralentis. M'arrête à l'ombre d'un chêne. Attends que la chamade se calme. Je masse mon bras et nous repartons. 

Nous, c'est ce corps, cet esprit, cette entité indéfinissable et unique, faites de parcelles et de fonctions diverses. Ce "'nous" ensemble, uni, réuni. Moi.

 

Ce "nous" qui a subi une guerre chimique, qui est passé par la lame du scalpel et auquel les soins du kinésithérapeute apporte son aide pour recouvrer la sérénité, l'équilibre, la souplesse et la mobilité. Avant la grande irradiation...

 

Mon corps était éparpillé, atomisé. Il se rassemble enfin. Commence à se reformer en une seule unité. 

 

Seul continuait à brûler et briller, inlassable, ce "moi profond" - l'appellerai-je mon "âme" ? - qui me tient et me charpente, me donne cette force qui guide mon esprit et le nourrit, relie mes petites cellules entre elles, les remplace lorsqu'elles viennent à mourir, les renforcent lorsqu'elles faiblissent, me répare quand je dors, donne un sens à ma vie, me réconforte avec bienveillance et me donne l'envie de vivre et d'aimer.

 

Ce "moi" qui, dezpuis mon enfance, voit toujours le verre à moitié plein, quoiqu'il arrive, et fait de chaque chose de la vie une aventure à vivre !

Chicorée sauvage (photo Texier Michel  -apiculteur- apistory.fr)
Chicorée sauvage (photo Texier Michel -apiculteur- apistory.fr)

Par téléphone portable je tiens Lou au courant de ma progression. Je ne suis pas peu fière de lui apprendre que j'ai dépassé le hameau et que je continue !...

 

Ce soir je serai enfin fatiguée d'une bonne vraie fatigue faite de chemin, de vent, de terre, de collines, de vignes et de ce large ciel tout au-dessus.


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