ÉTÉ BRULANT

Travaux de couture

Petit déjeuner d'amandes, pain, abricots, et thé vert (du "kukicha" acheté à Senzu, lors de notre périple au Japon, Fleur et moi, en locomotive à vapeur, le long de la vallée de la Ōigawa et... ses champs de thé).

 

Depuis une petite semaine, le goût lentement mais sûrement semble revenir.

Bon nombre de saveurs m'échappent encore mais je peux recommencer à éprouver du plaisir en mangeant. Et ce n'est pas sans incidence sur mon humeur !

 

En revanche l'effet fourmis rouges dans les pieds et les mains, ainsi que que l'effet linge glacé entourant mes jambes sont toujours présents.

 

Mes ongles, presque complètement décollés, ont fini par tomber pour laisser place à une vilaine "tôle ondulée", mais c'est quand même plus confortable à défaut d'être esthétique.

Mes ongles !
Mes ongles !
La Vénus de Milo, iconoclastement "mastectomisée" et recousue virtuellement... par mes "soins" .
La Vénus de Milo, iconoclastement "mastectomisée" et recousue virtuellement... par mes "soins" .

Que dire de la couture de mon Chrysanthème et de mon "creux axillaire" (l'aisselle) ?

Et bien... c'est difficile à dire. 

 

Infirmières, chirurgiens, sage-femmes, kinésithérapeute et même une amie "de la colline d'en face", qui a plusieurs cicatrices à son actif, la trouvent "exceptionnelle", "très belle" "magnifique", "très jolie", "très bien faite"...

 

Docteur J. Neko, le couturier, l'a, quant à lui, simplement qualifiée de "correcte". On ne peut pas dire que ce soit "joli" a-t-il ajouté...

C'est simplement correctement fait.

Il a fait son boulot. Du mieux possible. Et il le reconnaît honnêtement sans superlatif !

  

Mais en écoutant les uns et les autres j'en viens à penser que Docteur J. Neko fait dans la Haute Couture !

Le Saint Laurent des blocs opératoires...

Le Jean-Paul Gaultier des tables d'opération.

 

"Ho ! a dit l'une de "mes" infirmières du matin : c'est de la belle ouvrage ! C'est du surjet !"

(Le "surjet intra-dermique" est la meilleure technique de suture de la peau. On obtient ainsi 

le meilleur résultat possible, tant sur le plan médical qu'esthétique.)

 

Je me suis alors revue dans ce cours de couture, que j'avais en horreur, au lycée Paul Riquet de Béziers, en sixième, avec mes petits doigts malhabiles en train de suer sur l'exercice du surjet sur un morceau de percale neuf, non lavé, et donc encore tout amidonné... pour de si piètres résultats qui ne me rapportaient que de maigres notes, pendant que les autres filles donnaient leur travaux de couture, à refaire à leur mère, en rentrant à la maison. Ce qui leur valait des 18 et des 20. 

Et ce qui me mettait très en colère !

Quelle injustice !

Encore un "chemin des aiguilles" !

Le point de sujet : à gauche en couture ((solutreen.over-blog.com), à droite en chirurgie : surjet chirurgical intra-dermique

Une cicatrice si "belle" fût-elle, restera une cicatrice et un sein en moins, restera un sein en moins, car même reconstruit ce ne serait jamais le sein dont la nature m'avait dotée.

 

Toutefois, puisque Karkinos avait envoyé ses cellules mortifères hors du sein et que mes ganglions les avaient ramassées et contenues tant bien que mal, tout grand couturier qu'est, sans doute, le Docteur J. Neko, celui-ci a dû pratiquer une ablation de ces ganglions : un curage dit axillaire qui comme le curage d'un fossé obturé par la boue et les feuilles consiste à racler au plus profond.

 

Impossible de faire autrement : vaisseaux lymphatiques sectionnés, terminaisons nerveuses touchées, et les petites pompes que sont ces courageux petits ganglions, nécessaires pour faire circuler la lymphe, ont été enlevées ! Pas tous certes mais une bonne dizaine... Depuis le bras est ankylosé, froid par endroit, fourmille (encore des fourmillements !).

Il en a pris un sacré coup. 

Cordes raides

Ça tire et tiraille, ça chauffe, ça brûle parfois, ou devient glacé, ça pique, ça pince, ça travaille, ça se coince et devient dur comme du carton, c'est à la fois insensible et douloureux.

Et surtout, quelques jours après avoir retiré le second drain, de drôles de cordages sont apparus !

 

De l'aisselle au poignet, de longues et fines, cordelettes, tendues comme des haubans ou des cordes de violon brident mon bras et me rendent la vie compliquée.

Impossible de mettre le bras en extension.

 

Le kinésithérapeute en a vu d'autres. Des pires. De grosses cordes de violoncelle ou de contrebasse. On les appelle "cordes ou brides lymphatiques" ou "Thromboses Lymphatiques Superficielles" ou simplement "TLS" ou encore "cordes de Mondor" ou "pseudo-maladie de Mondor. (cf. document ci-dessous)

Enfin, bref.... quelque soit le nom dont on les baptise, il faut masser, drainer, décongestionner...

Mais nul ne sait quand ces cordes, "banales" suite à un curage axillaire, superficielles et bénignes, mais très douloureuses, vont se relâcher. Elles le font en général... d'elles-mêmes.

 

Et maintenant "mon" kinésithérapeute est parti en vacances pour quinze jours, me laissant me débrouiller avec ma lymphe à faire circuler et mes cordelettes à triturer, ma cicatrice à masser pour éviter les adhérences. Le tout selon ses indications, mais aussi selon ce que j'ai glané sur Internet (notamment sur le site canadien  http://www.cancer.ca).  

Je fais tout cela souvent (presque tout le temps !) et très consciencieusement, bien sûr, en espérant que mon corps va comprendre et faire ce qu'il a à faire.

 

Et puis, je mets à profit ce temps d'attente et de convalescence laborieuse, ce temps de météo trop chaude qui nous oblige à rester à l'abri et au frais dans la maison, pour trier et extirper de ma garde-robe tout ce qui peut être mettable durant la cicatrisation et les irradiations, et au-delà, ce qui pourrait s’adapter à ma nouvelle morphologie.

 

Pas simple.

 

Pour l'instant je voudrais privilégier les vêtements qui se boutonnent devant, ainsi que les débardeurs bien mous et étirables, c'est-à-dire ceux que je peux enfiler et ôter sans trop me contorsionner puisque cela ne m'est pas possible, et je m'aperçois que je n'en ai pas tellement !

Et il faut du léger avec cet été brûlant !

 

Quelques travaux de "réfection" s'imposent.

Une aiguille, du fil, des ciseaux.

Retailler, pincer, recouper...

Le chemin des aiguilles encore !

Et puis, un sein en moins, et vous voilà avec des chemises, robes et ti-shirts qui partent de travers, en asymétrie non contrôlée ! et c'est ainsi pour tout !

Et l'heure de la prothèse n'est pas encore venue. 

Je me suis donc mise aux travaux de couture. 

 

Et en priorité, repenser un soutien-gorge, avec deux côtés différents.

Un soutien-gorge "d'Amazone".

Légendaires et mythiques Amazones...


Amazones...

Femme scythe (sources cndp.fr)
Femme scythe (sources cndp.fr)

 

Ce nom, que les Grecs antiques, ardents défenseurs du patriarcat comme organisation sociale, pensaient signifier "sans sein" ou "privée de mamelles" (ἀ- / a-, "privatif", et μαζός / mazós, "sein"), mais qui en langue caucasienne pourrait signifier plutôt "nomade", désigne en réalité des femmes d'origine diverses, notamment Scythes, une société nomade et pastorale remarquablement égalitaire dans la répartition des tâches quotidiennes comme dans celle du pouvoir...

 

En effet, des fouilles archéologiques récentes, conduites par Jeannine Davis-Kimball* à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan, ont permis de mettre au jour des tombes de femmes Scythes, guerrières, enterrées avec leurs armes entre 600 et 200 av. J.-C., probablement cavalières comme le révèle l'analyse ostéologique. 

 

Ce sont en fait davantage des squelettes féminins qui ont été retrouvés dans les Kourganes, ces tumuli funéraires antiques (600 et 200 av. JC) ainsi fouillés, et 42 % des tombes féminines contenaient des armes (pics de combat, haches-pic, poignards, flèches) et des éléments de harnachement.

 

(Jeannine Davis-Kimball, directrice du Centre de Recherches de la Civilisation Nomade Eurasiatique à l’université de Berkeley en Californie, thèse appuyée par Sarah Nelson, anthropologue de l’université de Denver..)


Brassière d'amazone

Prendre une de mes brassières, l'enfiler puis la redessiner sur moi avant de la couper puis de la coudre afin de la transformer en prototype de brassière "mono-sein" !

 

Ce ne sera pas du point de surjet, mais du point de piqûre !

 

 

Laisser, un bonnet normal, (à droite), pour mon sein survivant, mon "sein-pivoine"... ma fleur rose, bouillonnante, épanouie...  

Et réaliser un "non-bonnet" (à gauche), pour mon "Chysanthème" qui doit respirer, ne pas être comprimé, être à l'air libre afin de mieux cicatriser...

 

Ce qui au fond, en y regardant de plus près, constitue une hérésie, puisque juste à l'opposé de la représentation mythique des amazones "à la grecque", qui recouvraient leur sein soit-disant "absent" (le droit) et laissaient au contraire leur sein entier (le gauche) à l'air libre...

à gauche, "amazone" de type "coureuse laconienne" ....au centre : couture sur couture.... à droite, représentation d'une "amazone"
à gauche, "amazone" de type "coureuse laconienne" ....au centre : couture sur couture.... à droite, représentation d'une "amazone"

Documents

LES CORDES LYMPHATIQUES

 

Sources : COMPTE RENDU DU CONGRÈS AKTL DU 15 NOVEMBRE 2014 À PARIS 

THÈME: LES LYMPHOEDÈMES 

 

Thromboses lymphatiques superficielles, cordons lymphatiques : ne les cassez plus !

 

"Dans les suites des curages axillaires après cancer du sein, les kinésithérapeutes sont souvent confrontés à la présence de « brides linéaires » le long du membre supérieur.

 

Ces structures particulières apparaissent à des délais variables de l’opération. Dans les suites de la technique du « ganglion sentinelle », elles semblent se manifester plus précocement que dans le curage axillaire classique. Elles se traduisent par des cordons très palpables visualisables à partir d’une zone variable du membre supérieur et qui convergent vers le creux axillaire.

 

Après avoir rappelé, les différentes hypothèses diagnostiques de ces structures (veineuses, fibroblastiques, aponévrotiques), leur identité lymphatique a bien été identifiée par échographie. Il s’agit de collecteurs lymphatiques dont les lumières sont dilatées. Les dimensions de ces lumières varient de quelques dixièmes de mm à 1 mm. Leur contenu, qui a été observé jusqu’à deux mois après  la chirurgie, fait apparaître des zones hypoéchogènes dans la majorité des explorations, et parfois des zones hyperéchogènes.

 

Ces images témoignent du remplissage par la lymphe de ces collecteurs.

 

Ces images témoignent du remplissage par la lymphe de ces collecteurs. En langage courant, on les appelle « thromboses lymphatiques superficielles » (TLS). Elles résultent de l’oblitération des collecteurs après prélèvement des nœuds lymphatiques.

 

Compte tenu de l’aspect encore liquidien rencontré de très nombreuses fois, une conduite à tenir s’impose. Il semble très délétère de pratiquer leur rupture car ces collecteurs encore perméables devraient pouvoir participer à la prévention de l’apparition d’un lymphœdème. Leur rééducation est réalisée par des massages linéaires de type drainage manuel, effectués avec la pulpe des doigts. Leur misée en tension est effectuée par des postures maintenues qui sont celles des mises en tension des aponévroses. L’exacte similitude des postures de mise en tension par le kinésithérapeute tient à la situation des lymphatiques qui sont positionnés sur les aponévroses."


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Exercices à effectuer après une chirurgie mammaire
Exercises-after-breast-surgery_Fr2012 (1
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