Etat de Marche

Officiellement, le calendrier a ouvert la porte au printemps, mais celui-ci se fait tirer l'oreille. A moins que l'hiver, qui, n'ayant pas eu son content de froidure, n'ait décidé de traîner encore un peu.

Le poêle reste allumé, au ralenti certes, mais Lou continue à enfourner des bûches dans le foyer.

Les oiseaux s'impatientent un peu et commencent à s'égosiller dans les fourrés ou haut perchés sur les branches des chênes. Les fleurs des arbres se sont ouvertes. Celles des prés et des talus montrent leur nez. Timidement.

Le lièvre de Mars se calme un peu. 

Je m'installe chaque jour davantage dans ce Moi qui est moi mais que je ne reconnais pas toujours.

Les rencontres matinales avec le Lièvre sont plus apaisées. 

Cette fois mon corps ne m'a pas lâchée. 

Pas de fièvre.

Point d’expulsions intempestives du tube digestif malgré le "mal de mer" dans le fond de cale des premiers jours.

Nul aphte incandescent dans ma bouche. 

Il me reste trois jours de répit dans ce temps de Karkinos, scindés et bornés par des jeudis à dates fixes.

Il y a eu le 12 Février. Puis le 5 Mars.

Et puis quatre autres suivront...

Après l'ultime séance du 28 mai, les cheveux, mes cheveux vont repousser... Ce sera le signe visible et extérieur de l''arrêt des bombardements.

La trêve. Car ce ne sera qu'une trêve.

Dimanche 22 Mars 2015

Réveillée par la sonnerie du téléphone vers les 8 h et demie, j'ai ouvert un œil et sans me lever, ai écouté la voix dans le répondeur, pour mettre un nom sur cet appel et entendre, à l'intonation, si c'était urgent, ou pas.

C'était la maman de Lou.

Et ça n'avait pas l'air urgent.

Et Lou n'était pas dans la maison, il m'avait dit la veille qu'il irait chiner sur un vide-grenier non loin de chez nous.

Bizarrement cela aurait dû me mettre de fort mauvaise humeur car je n'aime pas être réveillée par le téléphone, surtout à une heure aussi matinale !

Mais ce matin, j'ai fini par ouvrir les yeux sur la pénombre de la chambre. Une mésange perchée sur un chêne zinzinulait.

Un quart d'heure après j'étais debout et me faisait cuire un œuf à la coque !

Des mouillettes, un thé vert, un peu de fromage et de la lecture : j'ai fini par me laisser séduire par Amélie Nothomb.

Dans l'après-midi, il me pousse des ailes aux talons !

Après le tour de la colline et une visite à notre jardinet où fleurissent deux petits pêchers et l'unique tulipe, et où sévit un incontrôlable lapin géant qui semble adorer nos blettes, au grand dam de Lou, il me faut plus d'espace.

Du large, du ciel, de l'air et du vent....

Le temps est au gris et aux nuages lourds, mais qu'importe.

Après avoir hésité, je décide d'aller remplir mon devoir de citoyenne, mais surtout d'y aller à pied !

Carol est de sortie ! Mais presque entièrement cachée par mon bonnet bleu car le temps est trop variable : tantôt couvert et froid, tantôt éclatant de soleil et trop chaud pour ma petite tête qui ne sait plus où donner... de la tête.

Ça me donne un air encore plus naturel.

Et ça me ressemble assez.

Veste de randonnée aux multiples poches, jeans et petit sac à dos pour la bouteille d'eau et les biscuits.

Et mes chaussures de marche, roses (pointure "enfant") !

L'indéboulonnable Serge B. (et son binôme féminin Véronique C.) a été réélu, de justesse, au premier tour dans notre canton, talonné par les frontistes.

Lentement mais sûrement la France se teinte d'un horizon bleu marine.