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Mercredi 15 avril

Le jour se lève sous un épais voile gris feutré. Je suis restée éveillée de 3 heures du matin jusqu'à 5 heures avec de vieilles colères qui n'ont pas arrêté de tourner... Mais ce n'est ni l'heure ni le moment de régler ça. 

Vers 5 heures je me suis rendormie d'une seule traite jusqu'à 8 heures et demie.

La "preneuse" de sang, doit passer dans la matinée. Mais quand ?

La dernière fois "notre" Brienne de Torth n'était arrivée qu'à onze heures passées.

9 heures, je suis encore en t-shirt de nuit lorsqu'une voiture grise se gare dans la cour devant la maison.

Lou allait nous faire cuire des œufs à la coque et j'allais faire du thé. Nous nous interrompons aussitôt.

Ce n'est pas Brienne ! 

C'est une bien différente jeune femme que voici. L'air encore juvénile, cheveux de garçonne, un brin timide (ou intimidée ? Je la reconnais : je fus son professeur pendant quelques temps) appliquée, avec néanmoins une efficacité empreinte de douceur. Et un petit quelque chose en plus qui la rend, elle aussi, atypique.

La journée n'a pas mal commencée.

Il me faut maintenant la compléter en prenant mes "boucliers". Je dois me défendre du mieux que je peux contre les attaques futures du Phacochère Noir (Taxotère®)

Même si, je l'ai assez dit, je ne suis pas une guerrière et si demain n'est pas non plus une bataille, je vais malgré tout devoir affronter le Phacochère Noir dont on me prédit mille maux...

Le Fennec Rouge a à peine desserré ses mâchoires que je vais être dévastée par les défenses et le groin de cette bête ! 

Je m'y prépare.

Et j'ai peur.

Pour continuer sur notre bonne lancée, nous passons à la table de notre petit-déjeuner : œufs, pain, fromage et l'inévitable et incontournable thé sencha du Japon (thé vert) ! Un allié de taille dont on vante partout les mérites ! Un antioxydant de qualité...  et que j'aime boire tant son parfum d'herbe fraîche me transporte dans ces champs vert tendre aux formes arrondies.... au milieu desquels Fleur et moi avons roulé en locomotive ancienne et à vapeur au printemps dernier.

Avant ce repas, en guise de boucliers donc, j'ai avalé quelques gorgées de jus d'Aloe Vera afin d'aider mon estomac pour la prise du corticoïde (Solupred® dosé à 100 mg prescrit par la gens hospitalière) que je suis obligée d'ingurgiter afin de faire face aux effets dévastateurs (très allergisants) du "Phacochère Noir" !

J'y ajoute les deux gélules de Mopral® prescrit également par les Blouses Blanches, qui doivent "tapisser" mon estomac de je ne sais quoi afin que le corticoïde n'y fasse pas trop de dégâts, genre ulcère par exemple....

Pour aider mon pauvre foie malmené par ces doses de cheval de drogues auxquelles je ne l'ai pas habitué, j'ai bu dans l’intermède de l'entre deux cures, du desmodium, plante au petites fleurs mauves comme des pois de senteur, décoction hépato-protectrice reconnue et parfaitement compatible avec les chimiothérapies. 

Ce matin j'augmente la dose en passant à Desmopar®, un concentré de desmodium, juste avant la cure et qu'il faudra prendre pendant et cinq à sept jour encore après.

Que de réjouissances !!!

Au cours de notre copieux repas du matin, j'avale donc les 5 comprimés effervescents de Solupred®  dans un verre d'eau.

Puis je suis allée m'étendre un peu, la fatigue m'étant retombée dessus.

Bonne pioche : drogues dures ou douces, je ne sais pas, mais aucun malaise ressenti ! Pas de brûlures d'estomac, et finalement une bonne forme toute la journée !

Pour fêter ça je coiffe Betty la petite chevelure "auburn" et continue ma lecture de "Ni d'Eve ni d'Adam" d'Amélie Nothomb sur ma liseuse, entrecoupée de thé vert, de pommes, d'oranges, de pain d'épice, d'une bonne salade toute neuve du jardin et de côtelettes que Lou a grillées, parfaitement juteuses et à point... et de balades sur la colline.

Demain est un autre jour. Je me sens prête. Bien qu'anxieuse...