LE CHEMIN DES AIGUILLES

Déroutant Phacochère 

Toujours "ma" chambre, et un beau soleil dehors. La Blouse Blanche qui m'installe se demande un peu pourquoi je n'ai pas envie d'être dans les salles aux fauteuils, avec les autres malades. Elle se reprend "enfin... ceux qui sont comme vous". Elle avait oublié : nous ne sommes pas des malades... tout au plus des patients.

Je réponds que je préfère la solitude. Petit regard de travers. Qu'importe.

Blouse Blanche Marion, toute souriante, qui m'a "piquée et dépiquée" la dernière fois, nous accueille encore.

Et toujours son chouette sourire en prime !

Le Dr G. Lagerbe passe, survole mon petit compte-rendu de ces dernières trois semaines. Est satisfaite de mes résultats d'analyses sanguines. M'interroge pour savoir si j'ai bien pris les 5 cachets de corticoïdes.

La cure peut commencer.

 

On me revêt de bracelets réfrigérants qui me font ressembler, d'après Fleur, à Dragon Ball, les cheveux hérissés en moins ! Je ris beaucoup de la comparaison... osée !

Tout se passe bien et nous rentrons à la maison plutôt contents car je ne ressens aucun malaise.

 

Pendant deux jours et demi je suis en bonne forme ! Quel changement !

Plus incroyable encore je me trouve... jolie ! Mon reflet dans le miroir me renvoie enfin un visage souriant, rayonnant !

Pour fêter ça tout en évitant de gêner Lou la nuit si les nausées revenaient, je déménage et vais installer ma couche dans notre roulotte !

 

Lumière en sourdine, toit arrondi, chants de la nuit. Et dehors, épinglées au noir du ciel, le scintillement piquant des étoiles !

La nuit sera fraîche. Qu'importe la couette est épaisse !

Au matin, le froid me surprend. Je sors de la tiédeur du lit et allume le radiateur avant de sortir faire un premier pipi, qui ne dérange même pas les oiseaux ! Puis je retourne vite sous la couette et dors encore une bonne heure, avant de me lever définitivement et me préparer un thé vert que je sirote en écrivant ma bonne fortune à mes amis et à la famille.

Le soleil est de la partie, nous engageant dans de beaux tours de la colline où le vert gagne du terrain de jour en jour !

Nous prenons notre goûter quotidien sous le préau. Betty-Lou coiffe un immense chapeau pour se protéger de ce trop plein de lumière soudaine.

Il en sera ainsi jusqu'au samedi soir... Inconsciente du danger qui me guette, je me crois déjà hors d'atteinte du Phacochère. Peuh, ce n'était donc que cela !

Plus de peur que de mal.

Je suis prête à remiser aux oubliettes les fascicules et autres listes décrivant le territoire semé d'embûches de la bête noire.


Attaque nocturne

C'est dans la nuit du samedi au dimanche, à trois heures du matin, alors que j'avais regagné mon lit dans la maison comme guidée par un pressentiment, que j'ai été réveillée par les douleurs.

 

Ma belle forme ne tenait, hélas, non à ma superbe constitution, ni à mes "boucliers", mais à l'administration des doses de corticoïdes... Les vapeurs dissipées, mon corps se retrouve en prise directe avec la sauvagerie violente du Phacochère qui me fonce dessus !

 

Les yeux grand ouverts sur le plafond de notre chambrette, scrutant le noir, écrasée par un rouleau compresseur qui me broie muscles et os, j'assiste impuissante à l'attaque nocturne de la bête noire.

Elle me laboure, me lacère. J'essaie de me tourner. Mon corps pèse une tonne.

Des aiguilles me transpercent de toutes part.

 

Au matin, j'annonce à Lou que l'embellie est terminée et que me voici percluse de douleurs comme une petite vieille de plus de cent ans.

Mes pieds me font souffrir : je marche sur des bogues de châtaignes. Le fameux syndrome "main-pied" (érythrodysesthésie palmo-plantaire ou EPP) en prévision duquel on m'avait placé les bracelets réfrigérants... peu efficaces donc.

 

Combien de temps cela va-t-il durer ?

Quelques temps, quelques jours, sont les réponses fournies.

Que faire ? 

 

Faire tremper les pieds dans de l'eau froide pendant un quart d'heure, histoire de faire diminuer l'inflammation, puis tamponner pour sécher et enfin passer de la crème hydratante. A refaire plusieurs fois par jour.

On peut aussi mettre des semelles de gel protectrices. Quel genre ?

Et des chaussettes spéciales ? Chez Oncovia on nous en propose d'efficaces à... 36 euros la paire ! Ah quand même !

 

Mardi 21 avril : peu d'améliorations.


Les douleurs semblent toutefois céder un peu devant le paracétamol (500 mg).


Mais le syndrome main-pied perdure et semble même s'étendre : trois rougeurs sur les mains, malgré les crèmes, huiles et pommades hydratantes.

Je ne peux presque plus marcher !

Le tour de colline devient un chemin d'aiguilles...


Quel chemin prends-tu ? dit le Bzou, celui des Aiguilles ou celui des Épingles ?" (le Petit Chaperon Rouge)

Panneau namibien (© : Coll. Olivier Buttin)
Panneau namibien (© : Coll. Olivier Buttin)

NOTES

Les effets indésirables du Taxotère®

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Les effets secondaires potentiels les plus fréquents des traitements de chimiothérapie et thérapeutiques ciblées* dans le cancer du sein
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