"L'After"

Résistance 

Mon père, résistant, et sa maman (ma grand-mère) 21 août 1944 - Après la bataille du Mont Mouchet
Mon père, résistant, et sa maman (ma grand-mère) 21 août 1944 - Après la bataille du Mont Mouchet

Jusqu'où et jusqu'à quand peut-on tirer sur un fil sans qu'il ne casse ?

Par la force des choses, me voici entrée en résistance. Contre la tyrannie de ce lumbago ou quel que soit le nom de ce qui m'arrive.

Il n'est pas question que je me laisse vaincre par les aléas de cette fin de traitements du cancer. Par les poussières de cette queue de comète médicale.

Même si le fil devient ténu et fragile.

Il me faut tenir.

Et faire face.

Amoindrie par ce mal au dos, erratique et récidivant, sans que je ne commette pourtant aucune imprudence, je ne peux que résister.

Même si, pour l'heure, je ne sais pas qui de nous deux résiste le plus : cette lombalgie ou moi ?

 

Il faudra bien que ce soit moi.

 

Docteur Garrigue que j'ai consulté il y a peu, a apporté quelques modifications à la liste des médicaments allopathiques et homéopathiques et a prescrit une radio de toute ma colonne vertébrale et un bilan sanguin complet. Je n'ai plus qu'à prendre des rendez-vous...

Dessin de KMie
Dessin de KMie

Mais "l'imagerie médicale" est à Cahors : il faut y aller en voiture, donc cela ne peut pas être pour tout de suite, vu que mon dos proteste toujours aussi vigoureusement à la moindre secousse.

D'autant que le Dr L. Ektra, ma radiologue préférée (je n'en ai heureusement pas d'autre !) montée sur stiletto, m'a prescrit mammographie et échographie de contrôle en janvier, et que tous ces examens se passent au même endroit.

 

Je voudrais donc faire d'une pierre trois coups pour démarrer 2016 en beauté, et boucler la boucle : le diagnostic "carcinologique" était tombée le 13 janvier 2015... j'aimerais bien que cette date anniversaire soit aussi celle de la déclaration de ma guérison.

 

Nuance... de ma rémission.

A mon stade on ne parle pas de guérison !

 

La rémission est seulement une atténuation ou disparition momentanée des symptômes d'une maladie aiguë ou chronique, selon la définition du dictionnaire de français Larousse.

 

Et c'est bien ce "momentané" qui suspend l'épée de Damoclès sur notre tête de cancéreux. Et il faudra attendre un minimum de cinq années pour pouvoir parler de guérison. Et encore...

Nous attendrons donc avant de prononcer ce mot.

 

Bon, je n'en suis pas encore là : aujourd'hui et hier mon dos fait des siennes et ne me permet pas de prendre le volant ou de me faire transporter.

Je dois avoir une sorte d'aile d'ange qui tente de pousser sous l'omoplate...

J'ai donc annulé ma séance de kinésithérapie et j'aborde ce week-end avec pas mal d'inquiétude.

Et dans quatre jours c'est l'anniversaire de Lou.

Et je refuse de le fêter avec ma triste figure coincée au fond de mon lit de camp !

 

Non, je veux de la légèreté, de la musique et du champagne ! Et des câlins !

  

Résistance !

 

Mais comment résister quand je peine à me mettre debout sur mes deux pieds, quand chaque matin, depuis mon lit où je me crois presque "guérie", j'amorce un mouvement pour me dresser et patatras, me revoici agrippée par la tenaille de ce mal au dos qui me cisaille depuis bientôt trois mois ? 

Comment "se tenir en faisant face" ?

 

Si le soir il m'arrive d'espérer des lendemains qui chantent, le matin me remet vite, sinon les vertèbres, du moins les idées, en place.

 

Et la liste des causes possible de ces douleurs s'allonge de jour en jour.

Suite de la chimiothérapie ? Conséquences de la mastectomie et du curage axillaire ? Effets indirects de la radiothérapie ? Pincement discal ? Muscles et ligaments fragilisés ? Lombalgie inflammatoire ? Spondylite, spondylolyse ou spondylolisthésis ?...

Aïe ça se complique !

Les noms aussi !

Mais la complexité des mots ne donne pas la solution du problème et Docteur Garrigue s’inquiète, et après avoir prescrit une radio, répète "repos repos repos"....

 

Résistance et repos : force d'inertie ?

Un film de Jonathan Nossiter
Un film de Jonathan Nossiter

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