ETE PRECOCE

Le Second souffle

Essoufflée, je le suis.

Impossible de faire cinq cents mètres sans souffler comme un phoque échoué en plein soleil.

Difficile de reprendre ma respiration : mes côtes sont comme comprimées. Toujours à cause de ce satané phacochère qui m'a labouré sans retenue, cage thoracique, dos et jambes.

 

Mais le moment de trouver mon second souffle est venu.

 

Il a fallu laisser passer au moins quarante-huit heures depuis la journée des rendez-vous. Le temps d'encaisser puis de laisser faire les choses.

Et les choses ont, comme d'habitude bien fait... les choses.


Au fur et à mesure que les drogues commençaient à lâcher prise, ne serait-ce qu'un peu, tout mon être refaisait lentement surface. 

 

Demain, c'est le solstice d'été et la Fête de la Musique...

Demain, Fleur arrive au train de seize heures vingt-trois, et je rentre à l'hôpital, comme on prend une chambre d'hôtel, juste avant dix-sept heures.

 

J'ai empaqueté tant bien que mal mes affaires : outre la trousse de toilette et les serviette de bain, j'emporte des chemisiers légers, car il va faire chaud, avec boutons sur le devant en guise de haut de pyjamas et caleçons en coton bigarré de Lou en guise de bas de pyjamas. 

 

J'ai aussi des bas de contention prescrit par le chirurgien ! Avec les caleçons de Lou ce sera d'un glamour sexy fou ! La pin-up chauve qui n'a qu'un sein !

 

Mais parlons un peu shopping...

 

Malgré mes petits soucis de fourmillements et autre essoufflements, j'ai décidé de ne pas m'en laisser compter davantage et d'aller flâner, il y a deux jours de cela, avec mon petit filet à provisions et ma toute nouvelle carte bancaire (que ma banque m'a gracieusement refaite, suite à la mésaventure des "opérations frauduleuses", et après m'avoir remboursée dans les dix jours le montant de la fraude ! Une banque -en ligne- tout ce qu'il y a de plus correcte et pour laquelle je suis prête à parrainer qui veut !).


J'ai donc fait emplette de petites sandalettes sympathiques et très confortables, dégotées lors de mon après-midi  "lèche-vitrine, sans vitrine... mais dans un de mes destockeurs préférés, avec d'immenses rayonnages de bacs, sous des néons blafards, mais remplis, sans aucun ordre, de toutes sortes de produits aussi variés et invraisemblables que possibles !

On y trouve à peu près tout, le pire mais aussi le meilleur... 

Elles me serviront de chaussons de chambre en attendant les balades d'été sur la colline !

C'est d'ailleurs là aussi que j'ai fait emplette d'un stock de soutien-gorges : un de sport avec agrafage entre les seins.

Et puis des brassières toutes souples et de toutes les couleurs : blanches, noires, beiges, grises, mauves... (des "Ahh Bra" pour ne pas les nommer) que je pourrai enfiler par le bas si je ne peux faire autrement.

A 1,50 € l'une pourquoi s'en priver : le confort est au rendez-vous !

 

Je ne sais pas trop comment cela sera après l'opération, concrètement parlant...

Alors je réfléchis, teste et improvise.

 

Ce faisant, je me donne l'impression de partir en voyage.

Ce qui n'est pas tout à fait faux.

Toujours sur les Territoires du Crabe, mais à la découverte d'une Terre encore inconnue et que je vais parcourir en tâchant toutefois de ne pas trop m'y attarder.

 

Parfum crème de chez SHINOBIYA.COM CO LTD
Parfum crème de chez SHINOBIYA.COM CO LTD

J'emporte aussi et surtout mes "gris-gris".

Pour me rassurer.

Ils sont sans doute bien dérisoires et enfantins, mais chargés de sens pour moi et j'en ai besoin.

 

Petit parfum crème acheté à Kyoto, minuscule "maneki neko", baguettes fleurs de cerisier, pilulier Totoro...

Des "douceurs " : thé vert bio, gingembre confit et pain d'épices...

Et puis des blocs sténo pour écrire, des stylos, ma liseuse, ma tablette et mon smartphone pour avoir accès au "monde".

A la veille du passage de la deuxième porte je me sens prête.

J'ai trouvé mon second souffle. Même si j'ai peur.

La peur n'empêche rien, il suffit de lui faire face.


Écrire commentaire

Commentaires: 0