2 - DEPART


Se faire -ou pas- des cheveux !

La fille aux neufs perruques

Et d'abord il y a eu ce film "Heute bin ich Blond" (La fille aux neuf perruques), film de Marc Rothemund avec  Lisa Tomaschewsky dans le rôle principal.

Un film tiré du livre de  Sophie Van Der Stap.

Je suis curieuse de voir cette histoire, ces images, cette fille aux neufs facettes.... aux neuf identités, Stella, Daisy, Sue, Blondie, Platine, Emma, Pam, Lydia et Bébé...

Photos du film "la Fille aux neuf perruques"
Photos du film "la Fille aux neuf perruques"

Il y a longtemps que j'ai envie de perruques, pour devenir autre, l'espace d'un "acte", d'un "plan-séquence".

Autre mais toujours moi-même.  

L'habit, le maquillage, les perruques sont les accessoires des acteurs. Ils font, quoiqu'on en pense, le "moine".

Je veux bien aussi être en nonne bouddhiste. Mais pas tout le temps.

J'ai besoin de changement, de légèreté et de portes ouvertes sur d'autres mondes. 

Intérieurs et extérieurs.

Maintenant plus que jamais.

 

Karkinos m'offre cette possibilité à un moment où j'en avais finalement très envie mais n'osais pas.

Non par peur du ridicule mais parce que c'était trop "futile".

Je pensais que l'austérité, une certaine forme d'austérité, me convenait. Ou m'était dédiée. Comme si c'était mon lot, dans le sens où je m'étais retirée du monde en entrant dans la retraite civile. Une situation qui m'allait et que je ne cherchais pas à remettre en question.

Avec les cheveux de neige, l'hiver de ma vie était venu et je l'acceptais.

 

Et voilà que l'on me donne ce catalogue au papier lourd, glacé, chic et glamour, aux couleurs vives. Et une adresse. Recommandée par mon docteur !

Je le feuillette distraitement, ne m'autorise à regarder que les deux ou trois têtes à cheveux grisonnants ou blancs. Coupe courte. 

Pourquoi ?

Je me trouve des excuses : ainsi mon voyage sur les Terres du Crabe resterait "incognito"... 

Mais au fond, ces têtes ne me conviennent pas.  

Le lendemain je reprends le catalogue. Pourquoi refuser la couleur ? Pourquoi ce blanc et noir, ce gris, ce terne ?

 

J'étais blonde avant ! Rien ne m'interdit de le redevenir.

 

Alors j'ai pris mon téléphone et un rendez-vous avec "l'experte de l'Institut N."

La pauvre fille est malade ! Un rhume gras, énorme, qui m'inquiète un peu ! Comment faire pour ne pas attraper ses miasmes : ce n'est pas le moment pour moi.

Elle mouche, tousse, éternue... Se confond en excuses, sort pour se moucher, et se laver les mains, revient re-tousse, re-excuse...

 

Sans que je ne demande rien elle se met à chercher dans son armoire et dans sa trentaine de boîtes, tout au plus, du court... et du blanc. Pour que "cela" reste discret. Reproduire ma coupe et ma couleur naturelle, actuelle.

Pourtant, elle sait déjà qu'elle n'a pas de blanc, elle me le confiera plus tard.

 

Bien entendu donc, elle ne trouve rien qui corresponde à ce critère ainsi qu'à celui du prix que je veux bien mettre, en rajoutant une cinquantaine d'euros maximum au remboursement prévu (Sécurité Sociale et Mutuelle), soit entre 350 et 400 euros. (Bon à savoir : on a droit à deux perruques par an, tous les 6 mois donc).

 

Mon "experte" est décontenancée. Elle n'a rien en stock. Mais n'ose l'avouer... 

Elle sort des boîtes, m'explique les différents montages à la machine (les moins chères, mais dans les 350 € quand même) ou à la main (le top ! mais le double du prix) les fibres synthétiques (pratiques), les cheveux naturels (doux et...naturels mais il faut compter au moins 1500 € !) le "bonnet" en tulle (très bien mais plus cher) ou en filet (plus "lourd" mais moins cher) la bordure en tulle cinéma, le lavage, l'entretien...

Intéressant : j'en apprends beaucoup sur cet univers perruquiers !

Mais je n'essaie rien ! Le temps passe.

Or je suis là pour ça. Je lui ouvre donc une fenêtre de tir :

"Montrez-moi ce que vous avez en court et blond : j'étais blonde avant, ça devrait m'aller !" 

Soulagée, elle me présente enfin une perruque courte et blonde, et me l'installe sur la tête en précisant, comme si j'étais sourde ou sénile, ou les deux, qu'elle peut commander en blanc, que c'est juste pour voir... Pour que je me fasse une idée.

Mon idée est vite faite : je me trouve très bien ! Je viens de prendre dix ans de moins et j'adore ce que je vois dans le miroir !

Mon experte est étonnée, mais se rattrape vite "j'étais sûre que cela vous irait ! Je l'ai su dès que je vous ai vue ! Ah oui ! C'est vous ! C'est tout à fait vous ! "

 

Nous nous connaissons il est vrai depuis si longtemps...

 

Elle continue en se rengorgeant un peu "J'ai tout de suite vu ce qu'il vous fallait, je suis coiffeuse quand même, je sais ce qui va ou pas. Les gens repartent en général avec la première perruque que je leur ai présentée, même s'ils en ont essayé vingt !"

C'est effectivement la première qu'elle me présente... et la dernière, puisqu'elle n'en a pas d'autres.

 

Puisque celle-ci me convient je n'ai pas envie de m'éterniser : je n'ai jamais aimé aller chez le coiffeur.

Mais... Je réclame le shampoing et la coupe qui sont offerts par l'institut lors de l’essayage de la perruque (c'est noté sur le catalogue remis par Dr G. Lagerbe) lors de l’essayage de la perruque. J'ai envie de profiter, dans les quelques jours qui vont suivre, d'une coupe correcte, d'une coupe de pro. 

 

Voici mon "experte" qui hésite, tergiverse... Elle préférerait que je revienne dans quinze jours... quand il faudra couper court parce que la chute des cheveux s'annonce.

Je la devine mal à l'aise.

Serait-on radin dans "l'Institut N. ?", ou tenterait-on de faire revenir le client pour qu'il achète ou se paie d'autres "soins" ? 

 

Je sais déjà que je ne reviendrai pas pour faire une coupe courte mais que je raserai moi-même mes petits cheveux au moment où ils auront décidé de quitter ma tête sous les coups de butoir du protocole de chimiothérapie.

 

Finalement devant mon insistance à peine voilée , elle se résout à laver et couper mes cheveux, à peine plus courts, sur lesquels elle ne va pas tarir d'éloges.

Avant (avec ma propre coupe) et après le coup de ciseaux professionnel
Avant (avec ma propre coupe) et après le coup de ciseaux professionnel

Le cheveux lavé, non sans mal, le fauteuil ne se bloquant plus j'ai failli m'étaler sur la cloison d'en face et avoir le dos trempé lorsqu'il s'est relevé d'un coup d'un seul, proprement coupé aux ciseaux, rasoir et tondeuse, et enfin "brushé" de frais nous pouvons passer dans un bureau exigu et malcommode.

Nous y procédons au remplissage de formulaires et au paiement.

Je crains que ma spécialiste du faux cheveux ne dégringole de la chaise où elle a dû grimper pour imprimer la facture ! Quel agencement efficace !.... 

 

Carol (c'est le petit nom de ma perruque) coûte 312 € (moins cher que sur beaucoup d'autres sites proposant cette même perruque de chez Ellen Wille). J'achète dans la foulée un shampooing spécial perruque (est-ce utile ? Pas certain...) et un porte perruque.

Je dois me lever et faire le tour du bureau pour pouvoir payer avec ma carte, encore un gag, car le câble électrique de la machine est trop court...

Il est temps pour moi de partir. Je salue très poliment la jeune femme en soulignant sa gentillesse et son professionnalisme (ce qui n'est pas faux : elle a fait ce qu'elle a pu avec les moyens qui lui ont été alloués) et repars avec mon petit sac "discret" qui propose néanmoins en publicité des produits de beauté "bio" ou "phyto"... tendance quoi.

 

A peine arrivée j'ai hâte de voir l'effet et la vraie couleur de Carol ailleurs que dans cette cabine sombre à l'éclairage verdâtre et mou. 

Carol "un éclat de jeunesse. La petite coupe sympa"" dixit le catalogue : Monofilament + montage machine, cheveux synthétique avec tulle cinéma
Carol "un éclat de jeunesse. La petite coupe sympa"" dixit le catalogue : Monofilament + montage machine, cheveux synthétique avec tulle cinéma

Je n'ai pas encore le tour de main pour l'installer et quelques mèches rebelles dépassent. Mais d'ici trois semaines, il n'y aura plus de mèches rebelles !

 

J'ai grand plaisir à me voir ainsi, avec des cheveux "champagne" !

L'étiquette annonce que les fibres synthétiques dont sont constitués les cheveux sont fabriquées - comme toutes les fibres synthétiques pour perruques - au Japon !

Ce qui me procure une grande satisfaction. Les japonais sont des experts (et cette fois c'est vrai) en matière de "perruque" ! 


La petite coiffure "auburn"
La petite coiffure "auburn"

Mais voici que souffle un vent de folie sur ma petite tête aux trois cheveux blancs...

 

J'ouvre mon PC et me rend immédiatement sur l'un de mes sites chinois favoris, un des plus grands grossistes international. 

Et là... !

Rien de moins que presque 230 000 perruques en cheveux synthétiques de toutes les couleurs et plus de 100 000 en vrais cheveux, m'attendent !

 

Et comme c'est le Nouvel An Chinois, les promotions sont légions…

Je "feuillette" cet immense catalogue, regarde les descriptions plus ou moins détaillées.

Une "chevelure" châtain auburn en cheveux véritables me fait de l’œil. Son prix aussi ! 31 € (frais de port compris) !

Oserai-je ?

J'ai osé !

Et je me congratule aussitôt !

 

Et sur ma folle lancée j'ajoute au panier un petit carré tombant en fibre "Kanekalon®" (Japon), la même fibre synthétique que Carol... pour... 6,35 € !

 

Je n'ai plus qu'à attendre le passage du facteur dans une quinzaine de jours...

 


Documentation

Une adresse : SOS cancer du sein (association)

 

Les différents MONTAGES de perruque

Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les perruques : PETIT GLOSSAIRE (cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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