1 - NOUS ETIONS CHARLIE


"L'esprit du 11 janvier"

Le lendemain et le surlendemain, d'autres tombent encore. 

En tout 17 personnes sont sur le pavé, fauchées par les Kalachnikovs...

Au nom d'un obscurantisme et d'une acculturation élevés au rang de Guerre Sainte.  

Allah n'y retrouve plus ses petits.

Charlie non plus.

On s'interroge.

Il y a ceux qui sont Charlie et ceux qui ne le sont pas. Normal.

 

Des français de tous bords se rassemblent, sortent dans les rues, envahissent les places.

D'autres s'y refusent.

La France se coupe un peu plus en deux. 

 

Le 11 janvier des millions de personnes marchent. Soulevés par la houle d'une émotion puissante que les politiques récupèrent immédiatement, avec plus ou moins de panache.

Les chefs d'états se donnent la main, d'un côté Benyamin Nétanyahou, de l'autre Mahmoud Abbas. Hypocrisie ? Manœuvre ? On voudrait y lire un espoir, un sursaut. Ne nous leurrons pas.

Il y même là un intrus qui n'a sans doute pas le sens du ridicule ou, du moins, de la retenue, et qui réussit à s'immiscer, malgré un rappel à l'ordre, en jouant des coudes, sur la photo de classe... Trop visible, trop puéril, trop "Et moi ! Et moi !".

Cherchez l'intrus ou... "Où est Charlie" ?
Cherchez l'intrus ou... "Où est Charlie" ?

Les gens qui ne l'ont jamais lu, ou qui l'ont carrément honni, s'arrache désormais les derniers Charlie Hebdo. A prix d'or. On réserve le prochain. Comme pour conjurer le mauvais augure. Ou se faire quelques poignées d'euros faciles (ce qui est un leurre vu le tirage !!!)


La boucle et la boule

Nous suivons l'actualité, en boucle.

Mais l'esprit du 11 janvier, à la maison est parasité par la boule du doute qui grossit d'heure en heure.

Une certitude qui nous grignote et que l'on cherche malgré tout à conjurer, sans y parvenir.

Que veut me dire mon corps ? 

C'est la question qui se pose, en boucle, elle aussi, avec insistance et acuité, dans ces premières heures.

Pourquoi mes cellules se sont-elles mal dupliquées ? Pourquoi ce "bug" s'est-il glissé dans le programme bien huilé ?

Pourquoi mon corps a-t-il fait et laissé faire cela ?

Pour me dire quoi ?

 

J'ai l'impression que ce corps, que j'aime pourtant, et que j’aime beaucoup, porte en lui, depuis toujours, les blessures si profondes de ma mère.

Je les porte, et elles ne sont pas miennes.

Je les ai prises en charge pourtant, depuis l'enfance. Pour alléger le malheur de cette femme, que j'aimais. Et détestais pour le mal qu'elle me faisait aussi, sans le vouloir, sans le savoir : simple projection de son mal à elle.

J'ai inversé les rôles. 

J'avais pourtant compris que, pour elle et pour moi, je devais transmuter ces souffrances en trésor, ces "noiraudes" en "papillons", ce crassier en poussière d'or.

Elle est morte d'un cancer à la veille de ses 63 ans.

Et je suis à la veille de mes 64.

Point de jonction, croisement de nos routes. Est-ce ici qu'elle va lâcher son emprise ? Est-ce ici que je vais m'en libérer ?

Est-ce maintenant que je dois faire le vrai bon choix ? Est-ce pour cela que le Crabe m'a agrippée ?

 

Mes deux seins... Médecins ?

Médecins de mon âme ?


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