Largage


Au bord du lit

Au large des horizons inconnus, je dérive doucement.


Derrière des immeubles, le pont fortifié de Cahors pointe ses tours défensives. Sourire.  Jouer à l'hôtesse ou à la cliente ravie et radieuse. Exorciser la frousse bleue.

Je choisirai un lit pour cette première bataille.

Et là, je ne peux plus reculer. Plus de faux semblant.

Advienne que pourra.

Je largue les amarres... au bord du lit.

Des pigeons tournoient autour des tours du pont Valentré.

Plus haut, le viaduc blanc enjambe la vallée en V. Je m'oublie, nappe blanche de brume effaçant les aspérités.

 

Mon homme, mon Lou, toi et moi ne parlons plus.

Liés par ce sortilège mortifère pesant de toutes sa menace noire, au large de nos horizons lumineux et clairs, de notre océan chargé de pirogues et de cargos, eaux salées aux couleurs si changeantes, tellement immuables et si mouvantes pourtant, glissant entre nos doigts comme du sable. Sablier de nos vie.

 

S'oublier.


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